Je n’ai jamais autant marché que ces trois derniers mois. Je n’ai pas compté les kilomètres à pied, ça use, ça use mais j’en ai avalés beaucoup. Aujourd’hui, par exemple, à 15h51 quand je suis rentré chez moi, mon iPhone affichait 13472 pas et 7,4 km au compteur. Pas mal pour un type qui n’a jamais été un grand randonneur. Et ce n’était pas les chiffres définitifs de la journée car ensuite j’ai encore arpenté le jardin dans tous les sens avec ma tondeuse à gazon ce qui doit ajouter 1 ou 2 km au total.
Hier, je n’ai pas marché autant mais… j’ai couru sur un terrain de tennis et bien qu’on dise qu’en double on ne se déplace pas beaucoup, j’avais quand même couru derrière la petite balle jaune 3 km à grandes ou petites enjambées vers l’avant, vers l’arrière ou en pas chassés latéraux. Je dois dire que je le sens ce soir dans les muscles des jambes et que mes adducteurs sont légèrement enflammés. Mais que sont ces inconvénients en regard du bien-être mental ?
La santé mentale ! On en a beaucoup parlé ce soir à la télé à propos des nouvelles mesures de déconfinement autorisant les enfants à retourner dans les écoles maternelles et primaires. Il était plus que temps, selon la lettre d’urgence adressée au gouvernement par l’ensemble de la profession des pédiatres, de leur permettre de sortir à nouveau, de jouer, de rencontrer, d’apprendre. Bref, de re-vivre. Leur équilibre psychologique était, en effet, plus en danger face à la déprime que leur santé physique face au virus.
Oui, enfants ou adultes, il nous est indispensable de mettre le nez dehors, de bouger, nous ne sommes pas faits pour nous confi-ratatiner. La solitude, le manque d’horizon et l’immobilisme peuvent aussi nous rendre malades. Moi, je n’ai pas à me plaindre. J’ai « bougé » plus pendant cette période de confinement que toute autre: je le répète, je n’ai jamais autant marché que ces trois derniers mois. Oh ! je ne me suis pas déplacé en ne respectant pas les consignes, je n’ai remis les pieds dans un grand magasin (et encore, une jardinerie !) que ce week-end. Non, quand je dis que j’ai « bougé », je veux dire que j’ai mis un pied devant l’autre à l’extérieur de chez moi uniquement pour découvrir et parcourir, seul, de nombreux sentiers et chemins de ma campagne jusqu’à présent inconnus pour moi. Comme un pèlerin avec son bâton, je me suis mis en route pour Pont-à-Celles, ma commune, entité rurale et résidentielle traversée par le canal Charleroi-Bruxelles, d’une superficie de plus de 55 km2 dont 70% sont de grandes étendues agricoles.
Aujourd’hui, après avoir déposé ma voiture au garage pour quelques réparations, bien que je n’habite pas la porte à côté, j’avais prévu de rentrer chez moi à pied. J’ai d’abord longé le canal par l’ancien chemin de halage et me suis offert ensuite quelques détours bucoliques à travers des champs de jeunes betteraves et des prairies où les uns trottent et galopent et les autres se vautrent et ruminent.
Sur la fin de ma randonnée, en enjambant le pont du canal, j’ai aperçu en contrebas dans les ronces et les buissons un bout du ruisseau qui le borde. Une plaque indique qu’il s’appelle Le Piéton.
Un mot tout-à-fait indiqué pour cette journée !





