Voyage auprès de mon arbre

La pluie a adouci le sol, j’en profite pour bêcher la terre à deux pas de mon chêne pour préparer un petit parterre qui accueillera bientôt quelques taches rouges, roses et blanches de bégonias.

S’il est un endroit que j’aime particulièrement, c’est bien ici, sous la ramure de mon chêne à trois troncs. J’y trouve calme et sérénité. Une impression d’ailleurs. Un endroit hors du temps, protégé de la réalité, à l’écart du virus qui rôde.

Ce chêne me fait voyager mentalement du côté d’un autre endroit paisible, l’abbaye de Bois-Seigneur-Isaac. Pas loin de chez moi, j’aime aller me promener sous les hêtres de sa drève qualifiée de sublime Verte Cathédrale par Jean-Bernard Bernardini du groupe I Muvrini qui y donna un concert en plein air il y a quelques années. Ce souvenir fait soudain bondir mon esprit en Corse, à Vico où se trouve un autre lieu qui comme celui-ci me fait sentir hors du monde, seul avec moi-même, en symbiose et harmonie avec la vie, le couvent Saint-François. Mais comme la douce brise qui danse sous les branches, mes pensées s’envolent à nouveau et me ramènent de Corse vers le troisième endroit qui me comble de bien-être, les cloîtres de ma belle Collégiale de Nivelles.

Mais pourquoi, me direz-vous, ce chêne te fait-il vagabonder spirituellement comme ça ? D’abord, parce qu’il me donne du bonheur simple comme dans la chanson Auprès de mon arbre. Et puis tout simplement parce que mon arbre est originaire d’Ophain-Bois-Seigneur-Isaac, né dans une carrière de sable à quelques centaines de mètres de l’abbaye. Quand j’ai commencé à planter des arbres dans la prairie où nous avons construit notre maison, j’ai glané à gauche et à droite des jeunes pousses d’essences indigènes. Des saules et des bouleaux provenant des talus de la voie ferrée qui traverse mon village, des noisetiers des bords des chemins de campagne et ce chêne à trois troncs, alors haut comme trois pommes, déniché par hasard dans cette carrière que je longeais chaque jour en allant travailler. Je me souviens encore quand je l’ai transplanté, il y a plus de quarante ans, j’avais dû creuser un trou assez large et profond pour y enfouir la grosse boule formée par sa très longue racine enroulée comme une bobine de corde. Une fois en terre, l’arbre à trois troncs m’arrivait à la taille et jamais je n’avais imaginé qu’il atteindrait sa taille actuelle d’une quinzaine de mètres. Et encore, j’ai dû le faire étêter à plusieurs reprises; si je l’avais laissé pousser, il aurait plus de trente mètres et la maison de mes voisins aurait été étouffée.

Ce chêne, en me faisant rêver de l’abbaye de Bois-Seigneur-Isaac, me replonge aussi en enfance. Plusieurs fois, j’y suis allé à pied avec la classe de mon école primaire lors de randonnées-pèlerinages et une fois en retraite de trois jours dont… mes fesses se souviennent. En effet, après une partie de foot sur la pelouse fraîchement tondue par les moines, je m’étais laissé tomber à la renverse dans un gros tas d’herbes coupées sans savoir que l’humidité et le manque d’oxygène provoquent de la fermentation et une température jusqu’à 70°…

Ce qui brûle le postérieur et offre des souvenirs de bonheur.

Drève des Hêtres de l’Abbaye de Bois-Seigneur-Isaac – Photo d’Olivier Raucroix
Couvent Saint-François – Vico (Corse)
Cloîtres de la Collégiale de Nivelles (… et mon petit Cyril)

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