Les Fleurs du Bien

Je marche au long de la route et à chaque fois que passe un véhicule, je tremble, c’est dingue comme ils roulent tous à vive allure. Il s’agit de camions de livreurs ou de camionnettes de travailleurs sous pression, les magasins et les personnes confinées attendent impatiemment leurs marchandises.

Sur cette superbe allée de 3 km bordée de tilleuls et traversant des champs de céréales en jeunes pousses, une des plus belles routes de Belgique et je ne dis pas ça parce qu’elle mène à mon village (allez si, un peu quand même), les automobilistes déboulent beaucoup trop vite. Alors que tant de richesses invisibles pour le chauffard envahissent les talus où que l’on pose le regard.

Aujourd’hui, je suis randonneur, j’ai décidé de marcher jusqu’à Rosseignies, le village voisin, où je bifurquerai dans les champs rafraîchis par les éoliennes, ventilateurs géants. Du moins si j’arrive jusque là car la route est longue et je m’arrête tous les dix pas. Non pour me reposer mais pour m’agenouiller, me prosterner, me mettre à plat ventre devant une fleurette ou un brin d’herbe que je veux photographier pour ensuite la collectionner dans mon herbier digital. Pas question de cueillir une fleur sinon son image que je confie à PlantNet, une application géniale téléchargée sur mon iPhone qui permet d’identifier et classer les plantes simplement en les photographiant. Comme je suis loin d’être un botaniste, cela m’aide beaucoup.

Tout en me couchant pour tirer le portrait d’un petit géranium sauvage à feuilles larges que j’ai failli écraser avec mes grosses godasses, je retrouve en pensée mes sentiers de Corse et leurs buissons de myrte, mes chemins du Gard et leurs cystes à fleurs roses ou encore mes pistes de Tunisie sentant bon le jasmin. Jamais auparavant, je ne m’étais aventuré à pied aussi loin sur cette route. Je l’ai empruntée des milliers de fois en voiture, je connais comme ma poche son béton et ses pièges mais rien de ses talus. Aujourd’hui, je découvre.

Je ramènerai de ma longue balade quelques trésors à pétales dans le coffre-fort de mon smartphone. Oh ! rien de rare, pas d’orchidées ni de passiflores de collection mais des fleurs locales qui poussent un peu partout et égaient de leurs couleurs vives les printemps tant désirés après les longues grisailles hivernales. Le Pissenlit dont le nom fait rigoler les enfants, le Colza solitaire échappé de son champ, la discrète Phacélie à feuilles de tanaisie adorée par les abeilles, le Cumin des prés dont le petit nom sympa est Carvi, etc. Mais ma préférée est la toute mimi Véronique filiforme aux pétales blancs et bleus ciel que certains arrachent si elle envahit leur jardin car ils la considèrent comme une mauvaise herbe, une fleur du mal. Les abrutis ! Moi, toutes ces demoiselles de campagne, mes compagnes de randonnées, je les appelle au contraire mes Fleurs du Bien car leur beauté, dirait le poète, rend « l’univers moins hideux et les instants moins lourds » surtout en cette période de confinement*.

*Prenez soin de vous, restez à la maison mais si vous en avez l’occasion ne manquez pas une promenade quotidienne, allez conter fleurette aux fleurs du coin, seul ou à deux en tenant bien vos distances sociales.

Pissenlit

Phacélie à feuilles de tanaisie
Colza
Cumin des prés
Cardamine des prés
Véronique filiforme

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