La corde et la valise de Hong Kong

J’attends Michel dans le hall luxueux de l’hôtel Harbour Grand Kowloon à la pointe de la péninsule qui s’avance dans la baie de Hong Kong. Nous sommes ici depuis quelques jours en face de 维多利亚城 (Victoria), la capitale historique de Hong Kong durant la colonisation anglaise qui prendra fin l’année prochaine, en 1997, quand aura lieu la rétrocession à la Chine. Chaque matin, nous avons traversé la magnifique baie qui nous en sépare à bord d’un bateau mythique de la Star Ferry pour rejoindre le Palais des Congrès où mon ami Michel présente ses productions-télé au Hong Kong High End Audio Visual Show en espérant les vendre à des chaînes étrangères. Il m’a demandé de l’accompagner d’abord en qualité d’ami mais aussi comme « assistant ».

Lui comme moi venons ici pour la première fois et cette mégalopole nous en a mis plein les yeux. Agitation, foule, lumières, night life, trafic, forêts de béton, sampans et marchés flottants … tous les clichés de cette fourmilière gigantesque appelée autrefois Port Parfumé m’embrouillent encore la tête ce matin. Dans quelques minutes, nous allons prendre le taxi pour l’aéroport, retour à Bruxelles, complètement crevés car nous n’avons pas beaucoup dormi cette semaine et pas seulement parce que nous avons beaucoup travaillé 😉

– « Alors, Mich, tu arrives ou quoi ? Grouille-toi ! » Le taxi est là. Je m’impatiente et l’apostrophe à la sortie de l’ascenseur, il avance péniblement, chargé comme un mulet, deux grands sacs de voyage et un carton volumineux encombrent ses bras.

Essoufflé, il me demande si je ne peux pas le soulager en prenant quelques affaires dans ma valise. Il ouvre un des deux sacs, un Louis Vuitton qu’il n’a pas pu fermer tant il est gonflé. – « T’as un sac Louis Vuitton, toi ? ». Il me dit qu’il a fait de super-bons deals hier soir dans les boutiques où il acheté pas mal de cadeaux dont une lanterne chinoise dans la caisse en carton pour Mélissa sa fille adorée, des kilos de fringues pour lui et sa femme et ce beau (?) sac LV – « Tu comprends, j’avais besoin d’une bagage supplémentaire pour ramener tout ça ». Il en sort quelques paquets que je mets dans ma valise et en tassant bien ce qu’il reste dans son sac, il tente de le fermer mais… zip, crac, déchire la fermeture éclair.

Je ris mais pas lui… que va-t-on faire ? Le moteur du taxi ronronne et nous attend nerveusement. On essaie d’entourer le sac avec nos ceintures mais nos tailles à l’époque sont encore fines et celles-ci trop courtes. Un employé de l’hôtel observe la situation en souriant et a soudain une idée. Il s’en va en courant et revient quelques secondes plus tard avec une bête boule de corde. Identique à celle qui est accrochée dans la cabane de mon jardin et qui me propulse dans mes souvenirs pour ce voyage à domicile.

Michel ficelle son sac Louis Vuitton comme un saucisson et nous embarquons in extrémis dans le taxi, il est plus que temps pour l’aéroport. Je ne vous raconte pas les contrôles à l’embarquement où j’ai re-ri en voyant la tête des policiers exiger, évidemment, de tout déballer.

– « Hé Mich, t’es sûr que t’avais acheté un vrai Louis Vuitton ? »

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