À la recherche du temps heureux

En ces temps de confinement, nous cherchons à échapper aux heures vides, aux habitudes contraignantes, à la séparation d’avec ceux qu’on aime, enfants, petits-enfants, parents, frères, sœurs, ami.es. Pour ces moments d’évasion, nous avons chacun nos recettes. Jardinage, bricolage, cuisine, peinture, lecture, écriture, jeux vidéo, échanges virtuels… Ou silence, solitude, rêve. Simplement s’asseoir et laisser son esprit vagabonder où l’œil se pose. Un tableau, une photo, un livre, un objet.

Aujourd’hui, j’ai ouvert la vieille armoire dans mon garage où je stocke des choses inutiles (mais indispensables 😉 ) dont je n’arrive pas à me débarrasser. Sur une des planches se serrent des pots et des boîtes remplis de cailloux, de bouts de bois, de sable, de coquillages… Enfant et adolescent quand je partais en voyage, ce qui était rare, comme je n’avais pas d’argent pour acheter des souvenirs, je ramenais des galets de la rivière où nous avions joué pendant le camp du Patro, des morceaux de schiste de la falaise que nous avions escaladée, un Tupperware rempli de sable de la plage de La Panne que j’avais rejointe à vélo depuis Nivelles avec mon copain Éric, un bâton qui m’avait accompagné lors d’un hike dans les Ardennes, etc.

Cette habitude ne m’a jamais quitté : où que j’aille, je ramasse des « souvenirs » que je garde dans des bocaux de confiture et des boîtes à chaussures. Ainsi, tout récemment, en 2018 pour être précis, j’ai rapporté une bouteille pleine de sable noir du Stromboli et une marguerite, complètement sèche aujourd’hui, du jardin de Jacques Prévert à Omonville-la-Petite. Et l’année passée, j’ai rempli mes poches de coquillages sur la plage de Cabourg au pied du Grand Hôtel où Marcel Proust aimait séjourner et où il écrivit Du côté de chez Swann, le premier volume d’ À la recherche du temps perdu.

Dans mon garage, face à mon ravier de coquillages, je ne vois pas le temps passer, je rêve et me souviens de ce séjour délicieux comme une madeleine. « Il vaut mieux rêver sa vie que la vivre, encore que la vivre, ce soit encore la rêver » disait Monsieur Proust (éd. Robert Laffont) comme l’appelait Céleste Albaret, sa fidèle gouvernante qui raconte ses souvenirs aux côtés de ce grand malade, génial, bouleversant et tyrannique à la fois.

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s